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"Prendre un sac et partir. Au bout du monde. C'est fuir ? Sûrement. Mais j'en rêve". Voilà ce que j'ai écrit, il y a plusieurs années. Et là, j'y suis au bout du monde. Deux jours d'avions, un bus bondé, des kilomètres de piste, un ciel noir déchiré d'un rayon de soleil. Mon sac me scie les épaules, l'air est étouffant et je respire. "Soyez la bienvenue"
Mon bout du monde. Pour les mois à venir.
Les découvertes et les surprises s'enchaînent. Et tant, tant de choses à apprendre. Se laisser surprendre. Et savourer la nouveauté.
Des gosses magnifiques qui jouent qui dorment qui chantent qui courent partout. Des chemins interminables qui finissent pas déboucher sur des petites maisons. Hors du temps. Des animaux de toute sorte qui surgissent de n'importe où. Le soleil qui me dévore la peau bien trop fragile. Des femmes qui travaillent inlassablement mais ont toujours un sourire si rayonnant. Toutes ces mains dans un seul plat. Les questions qui fusent et je ne comprends pas grand chose. Les simplicité et la joie de vivre à revendre qui donnent une belle leçon de vie. Le chant des mômes à l'école. Le coucher du soleil sur la brousse. Le vent chaud plein la tête. La solitude aussi, de moi face à moi-même après des mois remplis d'agitation.
Oublier les repères. Réapprendre au début. Leur expliquer que oui, chez nous aussi il y a des chèvres, des poules et des moutons, mais pourtant tout est si différent. Surprise des enfants qui s'étonnent de ma couleur de peau. Ici le temps s'est arrêté. J'admire toutes ces bouilles autour de l'unique lampe. J'apprends la nuit, la patience, un peu leur langue et le partage. Je savoure la lumière ocre, l'instant et tout ce qu'ils ont à m'apprendre. Ils ne font que me remercier d'être venue jusqu'à eux, et moi je ne comprends pas. C'est moi qui les remercie de leur accueil. Et du reste surtout.
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